Jean-Philippe Courtois, notamment président de Microsoft International, parle de la pénétration des outils numériques dans l’Economie Sociale et Solidaire pour faire la promotion d’un programme destiné -quelle surprise- à lacher dans un écosystème qui n’en demandait pas tant une nouvelle poignée de start up à connotation sociale.

Son analyse d’introduction est que le numérique tarde à irriguer l’ESS pour les raisons suivantes :

  • une question de génération : un pan de l’ESS, « old school », n’est pas acculturée au numérique (à contrario des nouvelles générations type Ticket for Change, MakeSense ou OuiShare).
  • il y a encore trop peu de développeurs à fricoter avec ce secteur.

Sa proposition est donc, non pas d’accompagner et fortifier les structures existantes et militantes, mais de planter des jeunes pousses avec de l’engrais entrepreneurial à base de business plan, de mentorat de grosses sociétés (Microsoft, Adecco, Partech Ventures…) qui placeront habilement leurs produits (« Cette plateforme open source sera hébergée sur le cloud Azur. »).

Il est possible que de cette démarche émergent de temps à autres des projets intéressants ; on n’est jamais à l’abri d’accidents heureux. Mais j’ai l’impression qu’encore une fois on se préoccupe d’injecter du numérique et de la culture business à un « social » un peu prétexte, fantasmé et déconnecté plutôt que repenser de façon + sociale et solidaire la culture entrepreneuriale, ou d’outiller les initiatives de terrain.

Source : Numériser le social, socialiser le numérique - entretien avec Jean-Philippe Courtois