La semaine dernière, j’assistais à ma première conférence web. De toute ma vie, oui. Et je me demande si ces deux jours de SudWeb à Aix-en-Provence ne vont pas marquer ma trajectoire de développeuse en solo.
Une conférence web ?
Petite introduction à l’usage de tous les profils non techniques que les notes orientées code ou design n’ont pas fait fuir et qui lisent encore ce carnet.
C’est quoi une conférence web ? C’est un genre de colloque professionnel, des journées de conférences et d’interventions sur des thématiques propres à un métier, comme il en existe dans de nombreuses branches professionnelles. C’est aussi, évidemment, une occasion en or de réseauter comme un cochon, de mettre enfin un visage sur des pseudos twitter et de découvrir des nouveaux coins de France.
Niveau web, il existe en France plein plein de conférences différentes avec chacune sa personnalité. Si je suis allée à SudWeb, c’est parce que le copain Antoine m’a dit d’y aller. « C’est plein de gens chouettes, je pense que ça va te plaire ». Voici, en substance, comment il m’a convaincue. SudWeb, c’est une de ces conférences où, m’avait-on dit, on ne va pas tant parler technique qu’humain. Pas de conf’ sur comment builder ton projet en continuous integration avec une grid css en combinant AMP et PWA dans le flux react en troquant typescript pour elm ; mais des présentations plus orientées usages, modes de travail, sens de nos pratiques et rapports humains. Tout ce qui compose notre métier une fois qu’on s’extrait du code, en gros.
En termes de format, SudWeb s’articule ainsi :
- une première journée avec des interventions programmées de 10 ou 25 minutes, dont le déroulé est visible sur le site
- une deuxième journée où ce sont les participants qui font le programme. Plusieurs salles sont disponibles, et tout le monde peut y proposer un sujet, une question, un échange sur un créneau de 3/4 d’h, qui peut évidemment être prolongé (c’est ce qu’on appelle un forum ouvert).
Les conférences, ces merveilleux prétextes
Et ça donne quoi, alors ?
Pour tout avouer, ce n’est pas tant le contenu des conférences dont je vais le plus me souvenir (à part peut-être celle de Bruno Héridet, dont on peut voir les slides ici mais fallait le voir en vrai, vraiment). Un échantillon de ce que je retiendrais :
- Les méthodes d’agilité et le self-management se marient bien (Sabine Safi, Indigestion d’étoiles)
- Quand on cherche à modifier les modes d’organisation de son entreprise pour aller vers plus d’horizontalité, d’autonomie, de « self-management » : il ne faut surtout pas tout faire d’un coup ! En fait, il ne faut pas avoir pour objectif de faire du self-management pour faire du self-management, mais tester des pratiques qui vont dans ce sens petit à petit (Sabine Safi, Indigestion d’étoiles)
- Il existe une start up qui revend les data des objets plutôt que celles des personnes (revente des données concernant l’utilisation d’outils à leurs fabricants). Intéressant comme modèle économique. (Geoffrey Dorne, Vers un design de la vie privée )
- Il vaut mieux rester sur de l’authentification classique (mot de passe, etc) que sur de l’identification basée sur des caractéristiques humaines (visage, empreinte..), car s’il y a hack de ton compte, comment modifier ton mot de passe si ton mot de passe c’est ta face ? (Geoffrey Dorne, Vers un design de la vie privée )
- Faire des tests utilisateurs peut aussi être utile pour savoir comment communiquer sur le produit. Poser en fin d’interview la question « Comment expliqueriez-vous le produit à un ami ? » permet d’identifier ce qui transparait du produit et le vocabulaire qui fait mouche. (Lucas Cerdan, L’UX Testing sans les galères )
Pour ceux qui veulent en savoir plus, les liens de quelques présentations figurent sur le site de SudWeb, et les vidéos des conf’ seront en ligne je ne sais quand.
Mais bon, en définitive, je n’ai pas l’impression d’avoir forcément appris beaucoup lors de cette première journée (que ce soit parce que certains sujets ne me touchaient pas, ou parce que je suis déjà assez calée sur ceux qui me touchent). Par contre, si le contenu ne m’a pas apporté grand chose individuellement, c’est l’alchimie collective de partager ces contenus à plusieurs qui est inestimable. Car, pour reprendre ce que tout le monde dit déjà de SudWeb (je vais pas faire dans l’originalité), c’est l’humain qui y compte avant tout.
Tordus dans le même sens
De ce que j’ai pu voir (j’ai dû échanger avec 1/4 des présents à tout casser, mais c’est pas ça qui va m’empêcher de généraliser :)), les participants à SudWeb sont a minima des professionnels soucieux d’un certain bien-être et bien faire, soucieux de bonnes conditions de travail, portés sur une forme d’authenticité, d’attention à l’autre, de bienveillance. Certains cumulent ces caractéristiques de base avec, en prime, un franc côté engagé, sur des thématiques comme l’inclusion, les modes d’organisation alternatifs, la mixité, des questions politiques (open data, privacy, communs…).
Et tous ces gens, avec des expériences, des préoccupations et des trajectoires différentes, partagent deux journées et deux soirées d’échanges guidés notamment par les thématiques abordées. La première journée s’est terminée, après une intervention très politique sur le « privacy by design », par le témoignage de Sabine Safi, dézinguant les faux semblant de l’univers start-up et nous enjoignant de repenser à ce qui nous guide professionnellement, si ce n’est pas le pognon. On a tous entendu les mêmes témoignages. Que ce soit une découverte, ou juste un rappel de ce dont on est déjà convaincu, entendre ce type de discours ensemble est cathartique. On l’a tous entendu, ça nous irrigue, et on peut en discuter, ensemble, avec la même base.
Certains parlent d’alignement (« on est tous alignés pareils »). Moi, j’ai retrouvé l’expression que j’utilisais à mon entrée dans les études supérieurs, alors que je découvrais, après le lycée, avec surprise et soulagement plein de personnes avec lesquelles je partageais beaucoup de valeurs, de motivations, de façons d’être : « On est tous un peu tordus dans le même sens ». Et ça fait un bien fou ! Ces gens-là existent donc pour de vrai, je ne suis pas seule. Comme les prémices d’une tribu.
Je repars de SudWeb gonflée à bloc, pleine d’espoir, et avec une petite dose de pression (« les cool kids ne m’ont pas attendus pour être à bloc, il faut que je trouve un moyen de les rejoindre » :)). Avec plein d’envies de projet, qu’il va maintenant falloir que je trie et priorise (gros boulot). Avec le désir de continuer à arpenter les conférences web pour me nourrir de l’énergie des tordus. Avec plein de nouvelles connexions précieuses dont je compte bien suivre les trajectoires en attendant de les croiser (Moment name dropping : Goulven, Pia, Franck, Thomas, David, Clémentine, Noémie, Marie-Aline, Agnès, Stéphane, Guillaume, Alexis, Nicolas, Bruno, Thomas (un autre), Thibault, Boris, Rémi, Bertrand, je vous ai à l’oeil :)). Avec l’ambition d’avoir d’ici l’an prochain fait suffisamment de trucs chouettes pour, pourquoi pas, en parler au prochain SudWeb.