Qu’est-ce qu’il se fait et se raconte niveau numérique dans les collectivités, ces temps-ci ? Une halte à Nancy des Interconnectés, association sensibilisant et soutenant les collectivités sur l’innovation numérique (entre autres), me permet de prendre la température.

Le 22 juin, le réseaux des territoires innovants, plus connu sous le nom des Interconnectés, a fait étape à Nancy, pour s’adresser aux représentants des collectivités du Grand Est, de Bourgogne et de Franche-Comté, et partager les projets remarquables issus de ces territoires. Je me suis infiltrée pour identifier les projets actifs et les thématiques en vogue sur mon territoire.

Enjeu politique et stratégique

Que retenir de la journée ?

Des visions contrastées de l’apport du numérique dans la cité, sans pour autant que ces contrastes ne fassent polémiques. Certains parlent d’« envie de gagner », de « haut de gamme du train numérique » ; d’autres d’« outil d’inclusion », de « chercher à se faire remettre en cause »… Un bon panorama diversifié, en somme.

Myriam El Yassa, conseillère municipale déléguée à la ville connectée à Besançon, tient un discours qui me plaît. Elle parle du quartier prioritaire de la Planoise, dont Besançon veut faire une « smart city » non techniciste ou poussée vers l’ultra performance, mais où le numérique soit avant tout un outil d’inclusion sociale. L’intention est belle, j’espère que sa matérialisation le sera tout autant.

Aussi bien à Besançon qu’à Nancy, on insiste sur le temps nécessaire pour, pas tant produire des projets, mais les mener correctement, de façon à ce qu’ils entraînent une évolution des cultures et des usages, notamment au sein des administrations. Comment induire un changement de posture chez les décideurs autour de notions comme « droit à l’expérimentation », « libération du temps de travail des collaborateurs » ? Le projet de refonte du site internet de la ville de Nancy a ainsi été le support d’un travail d’évolution des processus, du fonctionnement et du management internes.

Quels gains espérer des processus de dématérialisation ? L’un des intervenants estime qu’à Nancy, la dématérialisation des conseils muncipaux a entraîné une économie de 25 000 €. L’exemple est parlant, mais j’aimerais tellement avoir un peu plus de sources sur ce chiffre…

Le petit point open data locale

L’une des thématiques phares de cette édition nancéenne du tour des Interconnectés était l’open data.

Pour ceux qui sont loin de ça, rapide rappel de la loi pour une République numérique (octobre 2016, c’est encore tout neuf) : la loi impose l’ouverture des données publiques par défaut. C’est une obligation légale pour toutes les communes de plus de 3500 habitants et de plus de 50 agents ou salariés.

Les données à ouvrir : toutes les données qui existent sous forme électronique (sauf celles qui sont explicitement protégées). Ces données doivent évidemment être anonymisées, dans un format utilisable (on arrête les pdf merci).

On peut diffuser ses données sur le site de sa collectivité (exemple du Grand Nancy, sur un sous domaine), sur une plateforme régionale (comme dans le Grand Est) ou sur data.gouv.fr.

Une discussion avec Mathieu Caps de Open Data Soft m’apprend qu’il y a peu (pas ?) encore de collectivités de moins de 200 000 habitants engagées dans des démarches d’open data. Autant dire qu’il y a du boulot, notamment pour des villes de la taille de la mienne. Comment initie-t-on une démarche open data dans une ville moyenne ?

Et du côté de la médiation

Cette journée m’a aussi permise de rencontrer l’Agence du numérique, dans son volet société numérique, une structure publique qui effectue un boulot intéressant et nécessaire, pour que cette histoire de transition numérique ne laisse pas tout un tas de gens sur le carreau.

Il y a innovation et innovation ?

Parmi les interventions qui m’auront bizarrement le plus marquée : dans la journée, un représentant se félicite de la création dans sa ville d’une application permettant d’avoir des réductions dans les parkings du centre-ville, par l’accumulation de points acquis en consommant chez les commerçants. Je grince un peu des dents, en traduisant ainsi : « Se féliciter d’un outil qui encourage l’utilisation de la bagnole et la sur-consommation ? »

Certes, on pourrait parler d’innovation, mais on ne peut définitivement pas se contenter du terme « innovation » sans le qualifier. L’innovation n’est pas bonne en tant que telle, toute innovation est éminement politique et reflète un projet, une vision de société. L’envie de questionner cette question de la qualification de l’innovation monte en moi…

Initiatives à suivre

  • Un intervenant parle sans le citer d’un logiciel open source de gestion de résultats électoraux, et en faisant des recherches là-dessus je tombe sur openMairie, et sa suite logicielle franglicisante (« openCimetiere »…). L’idée est chouette, mais les produits me paraissent déjà vieillissants. A creuser.
  • The opportunity project, cité par OpenDataSoft ; projet qui mêle ouverture des données publiques et opportunités économiques, aux Etats-Unis.
  • Agence de la participation citoyenne créée à Mulhouse depuis fin 2015, notamment pour éviter que ce soient toujours les mêmes personnes qui participent.

Plus de ressources

Le programme complet de la journée ainsi que son compte-rendu sont disponibles ici