Encore une veille hebdo bien courte. Peu de liens, mais qui m’amènent à commenter. Hop !

Les algorithmes sont nos amis

  • Au-delà du mur : l’algorithme de Facebook mis à l’épreuve : un chouette retour d’une expérience pédagogique menée en école de journalisme. Qu’est-ce qu’être actif sur le réseau social, sous une fausse identité partisane, durant les élections présidentelles, révèle du fonctionnement des algorithmes du fil d’actualité de facebook ?

La ligne Maginot de la médiation numérique

  • French Digital Coalition : c’était en début de semaine le lancement de la coalition française pour les compétences numériques ; une initiative sur laquelle garder un oeil.

Encore des plateformes, toujours du coopérativisme

  • Cooperatives’ Uber Moment - Can Cooperatives Build Better Online Tools to Disrupt the Disrupters? : très intéressant papier sur l’un des effets dramatique des uberisations en cours (à savoir : quand la machine qui sert d’intermédiaire entre un consommateur et un travailleur est programmée pour maximiser les profits des actionnaires, ça laisse peu de place à la compassion…), et sur pourquoi tout stopper, éviter les plateformes et les boycotter n’est pas la solution. L’article encourage à baser les plateformes non pas sur des priorités de profit, de croissance et de satisfaction des actionnaires, mais sur des valeurs sociales et environnementales. A trouver des solutions aussi bien pour les prochains uber coopératifs que pour les formes coopératives traditionnelles qui ont des besoins différents. A trouver ces solutions en faisant, et en tirant un parti créatif des tensions entre conservateur et radicaux, entre orthodoxie et innovation (entre lean startup et grosses assemblées démocratiques, par exemple).

Le nom des plateformes

Grâce à Emile Hooge, je découvre plusieurs écrits qui reviennent sur le sens du mot « plateforme », et ce que camoufle son retour de hype.

De là découle plusieurs catégorisations et glissements, intéressants pour l’analyse.

Pour Casili, « la reprise capitaliste (par les plateformes numériques privées) et régalienne (par l’Etat-plateforme) de cette notion au début du XXIe siècle, est moins une imitation métaphorique qu’une récupération et un détournement de ces principes. »

  • 1) la mise en commun (la « polity by Commons » de Churchill) se transforme en « partage » sur les plateformes de la soi-disant sharing economy ;
  • 2) l’abolition du travail salarié (la critique de Winstanley de la servitude par le « work in hard drudgery for day wages ») se transforme en précarisation de l’emploi et en glorification du « freelance » dans les plateformes d’intermédiation du travail ;
  • 3) l’abolition de la propriété privée (le communisme agraire des diggers) se transforme en « ouverture » de certaines ressources productives (telles les données) dans les programmes de l’Etat-plateforme.

L’analyse de Casilli reprends aussi celle de Gillespie, pas dénuée d’ntérêts non plus. Pour lui :

  • La prétendue horizontalité des plateformes numériques dissimule des structures hiérarchiques et les liens de subordination qui persistent malgré la rhétorique des « flat organizations » ;
  • L’insistance sur une structure abstraite cache la pluralité d’acteurs et la diversité/conflictualité des intérêts des différentes communautés d’utilisateurs. La responsabilité sociale des plateformes, leur « empreinte » sur les sociétés semble ainsi être effacée ;
  • en se présentant comme des mécanismes précis et autonomes, les plateformes servent à occulter la quantité de travail nécessaire à leur fonctionnement et à leur entretien.

Ce que je mets en regard de discussions récentes sur les plateformes ouvertes, qui axaient la catégorisation de ce type de plateforme sur trois points principaux :

  • la gouvernance : comment sont prises les décisions ?
  • la circulation de la valeur (entre captation et réciprocité)
  • la gestion des données : qui peut faire quoi des données récoltées ?

Du bon grain à moudre pour identifier et caractériser les différentes formes de plateformes ?