Janvier. La saison de fleuraison des bonnes résolutions châtoyantes. C’est aussi la saison durant laquelle j’ai viré de bord, l’an dernier, quittant un emploi spécialisé au sein d’une petite équipe pour prendre la barre de ma propre barque en me mettant à mon compte. Janvier, c’est le temps des bilans et des coups d’oeil dans le rétro. C’est le moment de ressortir son plan de vol, faire le point sur sa trajectoire et esquisser la suite du chemin. En route !

A l’assaut des communautés !

Se mettre à son compte, c’est choisir de quoi et comment on remplit son temps. Grand luxe. Vu que je me retrouvais seule toute pleine de curiosité, l’une de mes priorités à été l’an passé de partir en quête de communautés affinitaires. Où trouver de nouveaux copains ?

Alors, j’ai arpenté les routes de France et de Wallonie, en croisant les thématiques : design et éthique, web du sud, économie collaborative, coopération et intelligence collective, numérique et collectivités… (itinéraire gps grosso modo retraçable à partir du tag événement)). Bref, ça refète pas mal une année qui a été assez plurielle en termes de centres d’intérêt.
Bonus : je crois que j’ai commencé à trouver des copains et des copines et que j’identifie mieux mes affinités de coeur :)

A l’assaut de nouvelles compétences techniques ! …ou pas tant que ça, finalement

En janvier dernier, j’avais de folles ambitions : j’allais acquérir de nouvelles compétences techniques, un truc de fou ! Enfin prendre le temps d’apprendre convenablement javascript ! Partir à l’assaut de react ou vue ! Plonger dans node ! Et puis, comme prévu, rien ne s’est passé comme prévu. Par la force des choses (et plus particulièrement par la force des besoins des projets auxquels j’ai participé), j’ai surtout étendu des compétences existantes.

Sans l’avoir anticipé, je me suis retrouvée à consolider mes capacités d’intégration (je commence à vraiment comprendre comment ça marche, flexbox), ou à creuser la configuration de serveur (sans plaisir, et avec le sentiment que ce que je met en place reste très amateur. Faudra que je trouve des solutions plus satisfaisantes). Cette situation s’explique peut-être par la typologie de mes clients ? Avec les petites structures qui ont des moyens limités, il faut souvent être la personne qui sait un peu tout faire, au moins de façon basique.

A côté de ça, des engagements associatifs m’ont permis d’expérimenter encore un peu plus autour des générateurs de sites statiques (avec le combo Jekyll + netlify CMS). Mais damned, pas encore réussit à monétiser ces technologies (un jour, oui, un jour).

S’activismer, c’est la santé

Comme j’aime bien faire des choses et que je suis une irréductible optimiste critique minoritaire, à côté du travail je m’investis dans différentes initiatives qui me font plaisir.

D’abord, au niveau local, parce que c’est là que je vis. J’ai surtout passé du temps dans un projet de café associatif, et continué à filer des coups de main très ponctuels à Epinal en Transition. Et lu Vosges Matin avec assiduité.

Et puis au niveau national, pour des thématiques plus amples qui n’ont pas d’ancrage local par chez moi. C’est comme ça que je me retrouve à contribuer à petite échelle à Plateformes en communs groupe de travail de la Coop des communs.

Ce type d’engagement à différentes échelles, je kiffe. Ca fait parti des actions qui me donnent le plus l’impression de faire quelque chose d’important. Par contre, je me suis faite méchamment débordée par le travail sur le dernier tiers d’année, et la conjugaison des engagements tout court avec les engagements professionnels a été bien rude. Et c’est plutôt le turbin qui a gagné.

Comment articuler tout ça à l’avenir ? Réussir à me faire rémunérer un peu sur mes engagements ? Me faire plus justement payer sur le boulot rémunéré pour pouvoir consacrer plus de temps à côté à du travail bénévole ? Lancer une étude sur le modèle économique des contributeurs aux communs, histoire de trouver l’inspiration ?

Les gens, plus que le terminal ?

L’un des éléments les plus précieux que je retire de cette année, c’est peut-être un éclaircissement de mes préférences et de vers où je veux aller. L’intuition que j’ai et qui me guide, c’est que développer des compétences résolument humaines et les transmettre aura de plus en plus de sens et d’importance.

Les technologies évoluent et se diversifient hyper vite aujourd’hui, et je ne vois pas de sens à courir après un train tout fou inarrêtable. Bien maîtriser les bases, savoir proposer des solutions adéquates pour vérifier des hypothèses ou satisfaire les premières exigences et savoir orienter intelligemment les autres demandes, c’est plutôt ça mon ambition technique. Je crois que je préfère la bricole maïeutique à la haute technicité. En plus, une grosse partie de mes compétences techniques actuelles va très certainement être automatisée prochainement. Pas de raison que les robots piquent les boulots que des autres :)

Par contre, là où robots et intelligences artificielles devraient être plus en galère, c’est sur l’accompagnement de l’humain : permettre aux individus de comprendre ce qu’ils veulent vraiment, accompagner les groupes pour qu’ils arrivent à faire des choses ensemble sans se bouffer, ce genre de choses. Cette année, je me suis surprise à lire de plus en plus de littérature spécialisée en sciences humaines : intelligence collective, facilitation, psychologie cognitive, coopération, agilité, psychologie sociale… Je croise et apprends de personnes pour lesquelles ces domaines sont des évidences depuis déjà quelques temps, et je prends vachement de plaisir aujourd’hui à enfin rattraper quelques wagons (chacun son rythme, hein. Je suis sortie de ma grotte y’a un an :)). De fil en aiguille, j’ai donné il y quelques temps ma première séance de formation sur les outils et méthodes de la coopération, et c’était chouette.

Alors quoi ? Ca y est, je veux abandonner le code ?

Clairement pas tout de suite, non. Parce que l’humain peut être sacrément fatigant et usant. Mine de rien, la binarité et l’immédiateté du code, ça a un côté reposant face au foutu facteur humain. Ca mobilise une autre configuration du cerveau, autrement créative, et cette alternance me plaît. Sûrement un équilibre à trouver, qui me tend les bras, dans l’articulation entre ces deux types d’activité !

Conclusion

Et si c’était à refaire ?

Je re-signe. L’obligation d’apprendre en permanence dans plein de domaines, j’aime. La sensation que rien n’est déterminé et qu’une multitude de possibles sont ouverts, j’aime aussi (et j’apprends à gérer l’angoisse qui va avec). Mais j’ai conscience d’être en position privilégiée : mon double statut de chômeuse-freelance m’aide à ne pas paniquer face à cette multitude de choix possibles, dans la crainte de faire le « mauvais » choix (vue que mes indemnités me permettent d’amortir les hors pistes). Je compte bien, d’ici que je n’aie plus cette béquille, avoir suffisamment sous le coude pour que la liberté ne me fasse plus baliser.

La liste à puces du bilan

Quelques données sur l’année qui vient de passer :

  • 3 clients différents
  • 4 projets rémunérés (dont 2 en lignes fin 2017)
  • 1 contribution à un podcast
  • 1 article publié ailleurs que sur mon carnet
  • autour de 80 heures de travail vendues, en énorme majorité à partir de septembre
  • indubitablement plus d’heures réellement effectuées…
  • la pratique d’1 instrument de musique débutée
  • une quinzaine d’affiches posées dans les rues d’Epinal pour tenter de faire élire Clémentine Delait à la présidence de la République (avec le succès que l’on sait)

La liste à puces des prévisions 2018

Ce qui me tiendrait à coeur pour l’année à venir :

  • Continuer à modeler mon territoire de vie, en m’investissant toujours dans des asso, en lançant des initiatives, en épaulant les acteurs locaux…
  • Continuer à creuser des thématiques qui m’intéressent au niveau national : communs, plateformes, contribution…
  • Savoir jouer un morceau d’Abba à la trompette
  • Probablement changer de statut juridique, pour cause de risque réel de dépassement de seuil de micro-entreprise
  • Peut-être bien m’agencer ? Envie de me créer une identité d’agence pour gagner de la crédibilité sur certaines des propositions que je veux faire
  • Peaufiner ma méthodologie client : quel contrat je veux proposer ? Comment réussir à prendre le temps avec les clients ? Pourquoi pas essayer de vendre de l’auto-formation, sous une formule spécifique ?
  • Donner plus d’importance au non-professionnel
  • Agrandir la famille
  • Pourquoi pas une première expérience auprès d’un agent public ? Ou d’un laboratoire d’innovation publique ?
  • Me former en javascript (bis repetita :)) et avoir plus de billes en accessibilité
  • Apprendre à faire la sieste
  • Me former plus sur ce qui a trait à l’accompagnement humain, la facilitation, l’animation
  • Reprendre une veille qui ressemble à quelque chose :)

Et puis bonne année ! (jusqu’à la fin du mois, il y a droit)