Les journaux de bord d’une mise à son compte, c’est comme les bébés : une fois qu’ils ont passé un an, ça n’a plus beaucoup de sens de parler de leur âge en mois. Alors, je passe à un rythme trimestriel.

La fin du tunnel

Je suis entrée en septembre 2017 dans une période de travail aussi intense qu’accidentelle. Ce long tunnel d’un semestre au cours duquel j’ai assez peu vu la lumière du jour s’est achevé courant mars. Un premier projet livré en janvier, un second mi-mars, et un troisième en cours de finition… Je revois la lumière du jour !

Mais d’abord, c’était quoi, ces projets ?

C’était une place de marché pour des échanges de service non monétaires entre entreprises du secteur des ressources humaines, au sein du réseau Happy Dev.

C’était une plateforme de rencontres interculturelles focalisées sur des activités à faire ensemble, fruit d’un long et enrichissant travail de terrain avec un groupe d’utilisateurs potentiels.

C’était une plateforme de mise en relation d’acteurs locaux et de valorisation du pays du Mont Blanc, sur laquelle j’ai repris le code et effectué quelques évolutions.

Des projets variés, porteurs de sens, sur lesquels j’ai occupé des rôles différents au sein d’équipes à configuration variable : lead technique dans une équipe de 5, une partie de l’UX et l’intégralité du développement dans un duo avec un graphiste, et unique interlocutrice technique, directement auprès d’un client fournissant le design. Ce condensé de contextes divers a été un bel accélérateur de gain d’expérience.

Si j’ai fait beaucoup de code ces 3 derniers mois, en me concentrant sur des technologies connues et maîtrisées, j’ai pu aussi plonger dans des eaux moins familières. Plouf.

Une thématique montante autour de numérique et collaboration ?

Mes lectures et expériences autour de la rencontre entre numérique et coopération ont été parmi les plus fécondes de ces derniers mois, et elles commencent à porter leurs fruits. Des fruits qui plaisent à d’autres, dirait-on : à quelques semaines d’intervalle, j’ai épaulé deux initiatives territoriales différentes autour de ces thématiques.

On a d’abord une association engagée dans un projet européen transfrontalier autour de logiques alimentaires de circuits courts, qui se demande quels outils proposer à ses partenaires pour mobiliser et animer le territoire tout au long du projet. Je leur rédige un document défrichant différentes typologies d’outils et présentant une palette d’initiatives répondant chacun à des finalités différentes (plutôt réseau social, plutôt wiki hyper collaboratif, plutôt outil modulaire de participation…). Ce défrichage n’ira finalement pas plus loin, car des partenaires ne semblent pas prêts à passer le cap.

On a aussi un ensemble de structures (privées et publiques) poussées à se regrouper pour former un pôle d’activités autour de l’économie sociale, solidaire et durable ; que les questions de coopération chatouillent. Auprès d’eux, et avec une équipe de chercheuses en sciences de gestion, j’ai mené un atelier sur les outils et méthodes de la collaboration.

Est-ce que ce croisement du numérique et de la coopération (sur le tapis depuis une bonne dizaine d’années, je ne fais que prendre le train en marche) est un enjeu qui gagnerait aujourd’hui en ampleur ? A confirmer dans les prochains mois.

A venir

Souffler un peu, c’est pas mal aussi des fois. Alors j’ai pris une bonne résolution (que je commence déjà à ne pas tout à fait tenir) : lever le pied sur les projets, quitte à en refuser, pour mettre dans les prochains mois la priorité sur le développement de mon activité.

Chausser le cordonnier

Par quoi ça va passer ? Par la création d’une identité d’agence (ça y est, c’est décidé, y’a même un nom de domaine de déposé, c’est l’aventure !). Histoire de présenter mon offre de service non pas tant comme un inventaire à la Prévert de compétences techniques individuelles, mais comme un projet plus global, avec une philosophie d’action précise et un positionnement politique (au sens non partisan du terme). Et puis ça pourrait permettre d’embarquer des copains plus facilement ?

C’est vraiment utile ce boxon ? Le temps le dira. En tout cas j’ai envie d’expérimenter autour du concept d’agence, de voir comment cet outil-là peut me servir, ce que ça change en matière de positionnement et les réactions que ça suscite.

Je vais aussi prendre le temps de bien négocier un changement de statut qui me pend de plus en plus au nez et qui me réjouit pas mal d’avance :) (coopérative, me voilà !) (si tout se passe comme prévu)

Je me réserve enfin une gourmandise supplémentaire : vraiment prendre le temps de me former, pour de vrai, (à javascript en l’occurrence), avec l’appui d’un gourou réjouissant. Ca va être bien !

Le prétexte des projets territoriaux

Mon projet local du moment, c’est l’accompagnement technique (qui devrait aller au-delà de ça, on ne se refait pas) d’un guide du consom’acteur vosgien. Le principe est archi simple, et vu 1000 fois : faire une cartographie, autant que possible collaborative, d’établissements du territoire qui répondent à une démarche de consommation engagée (bio, éthique, fait main, produits locaux, etc). Ce qui est toujours assez chouette dans les cartographies, c’est que ça permet de relier et d’unir. Je prends aussi ce prétexte pour parler de communs autour de moi, et pour faire des expériences autour de l’interopérabilité (histoire d’éviter de créer une énième base de données périssable et étanche). Et puis, ça permet de contribuer à des projets chouettes, et ça fait toujours plaisir : pour commencer à travailler sur le guide, on se base sur le système de cartographie de Communecter.

Des nouveaux projets quand même

Des projets laissent la place à d’autres : à force de se côtoyer et de se croiser, rien d’étonnant à ce que j’en vienne à bosser avec Open Source Politics. Les développeurs de Barcelone, sur les outils desquels l’entreprise se base, ont eu la bonne idée de développer principalement en ruby. Je découvre donc actuellement les entrailles de Consul pour l’adapter aux besoins d’un conseil des jeunes.

Et un gros paquet de déplacements

Entamé dès mars, je vais poursuivre mon tour de France d’événements chouettes avec un plaisir anticipé.

Déjà, certaines étapes représentent des petits défis personnels : je prends la parole lors de mes deux prochains points d’étape, et réussir à parler de façon claire à des inconnus de sujets qui te tiennent à coeur, ça vient pas tout seul. Ici, le plaisir sera mêlé de belles chocottes.

Mais surtout, cette année est la deuxième année où je me rends à certains événements. Ca implique un changement de sémantique : le passage de « rencontrer » à « revoir » des gens, avec tout ce que ça comporte de promesses de discussions encore plus épaisses.

Fin de ce récap.

Bon printemps à tous et n’oubliez pas de regarder les plantes bourgeonner !