Quelle place pour la justice sociale dans la Silicon Valley et son empire ? D’excellentes références, un état des lieux un peu flippant, un gros travail à fournir.

Ca parle aussi « économie du like », « destruction destructive », d’« abandonner le parallèle artificiel entre croissance et progrès », de « capitalisme inclusif »… L’article me fait aussi découvrir les écrits du philosophe socialiste et anarchiste Murray Bookchin, notamment « Vers une technologie libératrice », publié en 1965.

Participant aux débats de cette époque sur l’émergence de la cybernétique, il insistait sur le fait que le numérique n’est pas qu’une question d’optimisation, de marché de masse et d’effet de réseau. Il a également un impact puissant sur les pratiques quotidiennes des individus, sur l’artisanat, sur la solidarité et les libertés individuelles. Anticipant l’émergence du mouvement des makers, du « libre » et du « partage » aujourd’hui dévoyés, il soulignait l’importance du contexte social et politique dans lequel s’inscrirait l’évolution technologique.

Pour l’auteur de l’article, aujourd’hui, le numérique est plus réactionnaire que révolutionnaire.

Il n’a pas d’impact sur l’infrastructure de la société. Il n’améliore ni la démocratie, ni le lien social, ni l’estime de soi. Comme depuis les débuts de la révolution industrielle, les travailleurs sont menacés par l’automatisation, les entreprises restent les principaux intervenants du monde économique, et tous expliquent que c’est aux individus de s’adapter aux évolutions technologiques s’ils veulent espérer conserver leur place dans la société. Malgré les effets d’annonce, peu de réalisations du numérique traduisent une vision aussi ambitieuse que celles qui ont conduit à l’instauration de grandes innovations sociales comme la monnaie, la Sécurité sociale, le suffrage universel, ou l’État de droit ! »

Et d’appeler en conclusion à ce que les investisseurs apprennent à « financer des projets sans en retirer de bénéfice autre que celui de l’existence même de ces projets »; et à préconiser la mise en place de systèmes favorisant « les entreprises qui produisent du flux plutôt que de la croissance (comme Wikipedia), des entreprises locales et des modes de gouvernance partagée ».

Source : Quelle place pour la justice sociale dans la Silicon Valley et son empire ?